Fiction ou réalité ? Que le lecteur soit juge ! Quand il parvient à son bureau au centre de Bagdad, le général Abu Zaid est impressionné par le grand nombre de gens qui attendent devant sa porte. Aujourd’hui, il reçoit les candidats qui souhaitent faire partie du premier gouvernement « post-Saddam ». Après avoir administré l’Irak pendant près de quatre ans, il est heureux de transférer cette lourde responsabilité. Mais comment en est-on arrivé là ?
Pendant le printemps 2003, une coalition dirigée par les États-Unis a réussi à renverser Saddam Hussein et à prendre le contrôle du pays. Le général Abu Zaid, dont le prénom est John, est un Américain d’origine arabe qui s’est battu au cours de la première guerre du Golfe, en 1991. Il a été choisi comme gouverneur intérimaire, dans la lignée de prédécesseurs illustres : le général Douglas MacArthur, au Japon, de 1945 à 1950 ; le général Lucius Clay, en Allemagne de l’Ouest, de 1947 à 1949 ; et le général John Ridgeway, en Corée du Sud, de 1945 à 1951.
À qui le tour ?
L’hypothèse d’une gestion militaire directe de l’Irak par les Américains pendant une période de temps limitée ne constitue que l’un des scénarios étudiés actuellement par le cabinet du président George W. Bush. Cette idée est soutenue par le Pentagone, ainsi que par plusieurs sénateurs et des membres influents du Congrès. Si elle n’était pas adoptée, le Pentagone envisage une solution alternative qui consisterait à mettre en place un gouvernement de coalition intérimaire, sous l’autorité du chef irakien Ahmad Chalabi. Ancien banquier, en exil depuis l’âge de huit ans, ce dernier est issu d’une famille chiite. Or les chiites représentent 60 % de la population locale. Ahmad Chalabi pourrait, ainsi, devenir le premier dirigeant émanant de la communauté majoritaire de la nation.
Le Département d’État et la CIA privilégient, eux, l’installation au pouvoir d’un gouvernement de coalition intérimaire conduit par l’un des nombreux officiers qui ont déserté l’armée de Saddam Hussein après la guerre du Golfe. Le général Najib al-Salhi fait, dans cette hypothèse, figure de favori. Il vit à Washington depuis bientôt six ans et dirige le « mouvement des officiers libres d’Irak », un groupement libéral-nationaliste. Quant à son principal rival, le général Nizar al-Khazraji, appuyé par l’Arabie saoudite et le Koweït, il a été discrédité par son assignation à résidence au Danemark, en novembre 2002, et son inculpation pour crimes contre l’humanité (1).
Certains hommes politiques basés à Washington et, surtout, à Londres, expriment d’autres préférences : ils favorisent l’implantation d’une administration civile dont les membres seraient recrutés parmi l’élite gouvernante actuelle, les exilés célèbres et des hommes d’État plus âgés, comme l’ancien ministre des Affaires étrangères, Adnan Pachechi.
Ces divergences ont mis les États-Unis dans l’impossibilité de définir une idée cohérente du futur régime qu’ils souhaitent instaurer à Bagdad. Pour tenter de donner vie à une telle vision, les dirigeants d’une trentaine de groupes irakiens en exil, représentant toutes les communautés ethniques et religieuses du …
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