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GRÈCE : UNE DÉMOCRATIE APAISÉE

La Grèce assume la présidence de l'Union européenne depuis le 1er janvier 2003, à un moment où le processus d'élargissement entre dans une phase cruciale. Longtemps considérée comme le mauvais élève de l'Europe, Athènes va devoir guider les pas des dix nouveaux pays dans leur marche vers l'adhésion. Avec, évidemment, une attention particulière pour la République de Chypre.
La Grèce de 2002 n'a plus rien à voir avec celle de 1974, coincée entre l'Orient et l'Occident, ni avec celle des années 1980, frondeuse et rebelle. Depuis 1996, elle est résolument occidentale et européenne, comme l'a confirmé son entrée dans la zone euro dès le 1er janvier 2002. Non seulement Athènes n'est plus un mouton noir, mais elle est devenue un lien incontournable entre l'Union, l'Europe du Sud-Est, la Turquie et la Méditerranée orientale.
L'ex-mauvais élève de l'Europe
Le 1er janvier 1981, la Grèce adhère à la CEE. C'est le seul État de la Communauté à ne pas avoir de frontières communes avec un autre membre. En octobre de la même année, les socialistes du Pasok remportent les élections. Pour la première fois dans l'histoire du pays, la gauche est au pouvoir. Le Pasok, alors dirigé par Andréas Papandréou, a fait campagne contre les États-Unis, l'Otan et la CEE. Populiste, il surfe sur toutes les rancœurs passées.
C'est surtout en politique étrangère qu'Andréas Papandréou se fait remarquer. Il refuse de condamner le coup d'État militaire
en Pologne ainsi que l'attentat contre le Boeing sud-coréen (1). Il se rapproche du bloc de l'Est et courtise des pays comme la Libye et la Syrie. Il apporte son soutien aux mouvements palestiniens et aux Kurdes du PKK. Au sein de la CEE, il oppose systématiquement son veto à tout rapprochement avec la Turquie. En 1986, il est même à deux doigts de provoquer une guerre avec Ankara.
La Grèce des années 1980 est alors considérée par ses partenaires comme un pays qui refuse tout compromis. S'il reste intraitable sur certains dossiers, Andréas Papandréou sait se montrer pragmatique sur d'autres. Derrière des slogans anti-atlantistes, il prend soin de ne pas quitter l'Otan, et de ne pas fermer les bases américaines. À chaque échéance, les baux sont renouvelés et les loyers augmentés. Ce sont, finalement, les réductions budgétaires de l'administration Clinton qui seront la cause de la fermeture de la plupart de ces bases.
Quant aux diatribes anti-européennes, elles sont vite oubliées. Et pour cause : la Grèce est le pays qui reçoit le plus d'aides européennes par tête d'habitant. L'agriculture est largement subventionnée. Les villes de Thessalie et d'autres régions agricoles, comme la Crète et le Péloponnèse occidental, connaissent un essor spectaculaire. L'argent de Bruxelles permet aussi de moderniser les infrastructures et d'entretenir un secteur public pléthorique.
Mais derrière une réelle prospérité, l'État reste pauvre et le pays vit à crédit. Andréas Papandréou négocie son droit de veto à Bruxelles contre une rallonge financière, les fameux " paquets Delors ", le plus souvent utilisés à des fins électorales. À la veille des scrutins, le Pasok …