"Finissons-en avec les Talibans, à Kaboul et à Téhéran ! " C'est avec ce slogan qu'un groupe d'étudiants de l'université de Téhéran a lancé une série de manifestations en septembre 2002, peu après le début de l'année scolaire. Depuis le mois de décembre, ces démonstrations de force sont devenues un trait récurrent de la vie sur le campus et se sont étendues à plus d'une vingtaine d'autres villes, où sont concentrés les quelque 3,2 millions d'étudiants du pays. Des protestations comparables s'étaient déjà produites en 1998 et en 2000. Mais les revendications portaient, alors, sur les conditions de travail dans les installations sous-équipées et mal gérées de l'enseignement supérieur iranien. Elles n'avaient pas de connotation directement politique, hormis un vague soutien aux " réformes " symbolisées par le président Muhammad Khatami. Les contestataires actuels, en revanche, affichent clairement des visées politiques et n'attendent plus rien de Muhammad Khatami. Le héros du mouvement étudiant est un obscur professeur d'histoire de la ville de Hamadan, Hashem Aghajari, qui vient d'être condamné à mort pour hérésie. Il avait appelé les "croyants" à ne pas rejeter les fruits de leur propre raison et à considérer que la religion ne réside pas dans les discours d'une autorité autoproclamée, mais dans ce que chaque fidèle, en son for intérieur, décide de croire. Cette agitation aboutira, peut-être, à un changement de régime. Elle a subverti les règles d'un système qui, depuis l'avènement du khomeinisme, reposait sur l'obéissance aveugle à une interprétation étroite et dogmatique de l'islam. Elle a réussi à désorganiser le secteur industriel, où les grèves de solidarité avec les étudiants et les appels à la liberté - l'" azadi " - et à la démocratie se multiplient. De nombreux spécialistes pensent que le pouvoir khomeiniste, instauré en 1979, peut aisément être renversé. Parce qu'il a perdu une grande partie de sa légitimité et de sa base électorale, qui a basculé dans l'opposition, et parce que le soutien des forces armées ne lui est plus acquis. Mais il manque encore une condition pour qu'un tel bouleversement se produise : l'émergence d'une alternative morale et politique capable d'organiser une transition en douceur. D'où une telle option alternative pourrait-elle surgir ? Des partis politiques informels, des personnalités de la société civile, des figures de l'opposition en exil et de nombreux intellectuels sont déterminés à jouer un rôle dans la bataille. Fait encore plus remarquable, une frange non négligeable du clergé chiite a, également, pris ses distances avec le régime et soutient le mouvement pour la démocratie. Parmi ces dissidents chiites, une voix domine les autres : celle de l'ayatollah Mahmoud Qomi Tabatabai. Après avoir soutenu la révolution islamique en 1978-1979, ce dernier a rompu avec elle lorsqu'il s'est rendu compte qu'elle n'était plus qu'un instrument au service de l'absolutisme théocratique de l'ayatollah Khomeiny. Dans un entretien exclusif accordé à Politique Internationale, Mahmoud Qomi Tabatabai sort du silence d'un an qu'il s'était imposé et dévoile sa vision de l'avenir de l'Iran.
"Finissons-en avec les Talibans, à Kaboul et à Téhéran ! " C'est avec ce slogan qu'un groupe d'étudiants de l'université de Téhéran a lancé une série de manifestations en septembre 2002, peu après le début de l'année scolaire. Depuis le mois de décembre, ces démonstrations de force sont devenues un trait récurrent de la vie sur le campus et se sont étendues à plus d'une vingtaine d'autres villes, où sont concentrés les quelque 3,2 millions d'étudiants du pays. Des protestations comparables s'étaient déjà produites en 1998 et en 2000. Mais les revendications portaient, alors, sur les conditions de travail dans les installations sous-équipées et mal gérées de l'enseignement supérieur iranien. Elles n'avaient pas de connotation directement politique, hormis un vague soutien aux " réformes " symbolisées par le président Muhammad Khatami. Les contestataires actuels, en revanche, affichent clairement des visées politiques et n'attendent plus rien de Muhammad Khatami. Le héros du mouvement étudiant est un obscur professeur d'histoire de la ville de Hamadan, Hashem Aghajari, qui vient d'être condamné à mort pour hérésie. Il avait appelé les "croyants" à ne pas rejeter les fruits de leur propre raison et à considérer que la religion ne réside pas dans les discours d'une autorité autoproclamée, mais dans ce que chaque fidèle, en son for intérieur, décide de croire. Cette agitation aboutira, peut-être, à un changement de régime. Elle a subverti les règles d'un système qui, depuis l'avènement du khomeinisme, reposait sur l'obéissance aveugle à une interprétation étroite et dogmatique de l'islam. Elle a réussi à désorganiser le secteur industriel, où les grèves de solidarité avec les étudiants et les appels à la liberté - l'" azadi " - et à la démocratie se multiplient. De nombreux spécialistes pensent que le pouvoir khomeiniste, instauré en 1979, peut aisément être renversé. Parce qu'il a perdu une grande partie de sa légitimité et de sa base électorale, qui a basculé dans l'opposition, et parce que le soutien des forces armées ne lui est plus acquis. Mais il manque encore une condition pour qu'un tel bouleversement se produise : l'émergence d'une alternative morale et politique capable d'organiser une transition en douceur. D'où une telle option alternative pourrait-elle surgir ? Des partis politiques informels, des personnalités de la société civile, des figures de l'opposition en exil et de nombreux intellectuels sont déterminés à jouer un rôle dans la bataille. Fait encore plus remarquable, une frange non négligeable du clergé chiite a, également, pris ses distances avec le régime et soutient le mouvement pour la démocratie. Parmi ces dissidents chiites, une voix domine les autres : celle de l'ayatollah Mahmoud Qomi Tabatabai. Après avoir soutenu la révolution islamique en 1978-1979, ce dernier a rompu avec elle lorsqu'il s'est rendu compte qu'elle n'était plus qu'un instrument au service de l'absolutisme théocratique de l'ayatollah Khomeiny. Dans un entretien exclusif accordé à Politique Internationale, Mahmoud Qomi Tabatabai sort du silence d'un an qu'il s'était imposé et dévoile sa vision de l'avenir de l'Iran.
(1) Le concept de " maleshah " …
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