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CORÉE DU NORD : LA PROCHAINE CIBLE ?

La crise nord-coréenne est devenue, ces derniers mois, particulièrement inquiétante. Elle affecte désormais, très directement, le domaine de la sécurité internationale et, plus précisément, celui de la non-prolifération nucléaire. Son déclenchement remonte à octobre 2002 et à l'aveu, par les dirigeants de Pyongyang, qu'ils poursuivaient secrètement, en violation d'accords qu'ils avaient pourtant ratifiés (1), un programme nucléaire à usage militaire.
Du coup, les médias se sont désintéressés des autres dossiers nord-coréens, qui n'en restent pas moins d'une grande acuité : n'oublions pas que, chaque année, plusieurs dizaines de milliers d'habitants de la Corée du Nord fuient le pays pour la Chine. Ces réfugiés font l'objet d'une sévère répression menée conjointement par les polices chinoise et nord-coréenne. Depuis l'été 2002, nombre d'entre eux, une fois arrivés à Pékin, ont tenté de pénétrer dans des locaux diplomatiques occidentaux. Environ cent personnes y sont parvenues, alertant l'opinion publique internationale sur le sort de ces fugitifs qui vivent en Chine sans statut juridique, dépourvus de la protection du HCR, considérés par Pékin non pas comme des réfugiés politiques mais comme des migrants économiques clandestins et, de ce fait, susceptibles d'être renvoyés dans leur pays d'origine malgré les risques graves qu'ils y courraient.
Mais la destinée dramatique de ces malheureux - orphelins errant dans une Chine inconnue, femmes enlevées après avoir passé la frontière et vendues comme esclaves - allait rapidement être éclipsée par la montée de la tension entre la Corée du Nord et les États-Unis.
Même les étonnantes réformes économiques, financières et administratives annoncées par Pyongyang n'intéressent plus grand monde. Septembre 2002 avait pourtant vu le pouvoir nord-coréen ouvrir quelques brèches, certes très contrôlées, dans la gestion communiste de son économie. Le régime rendit public un projet visant à établir une zone économique spéciale autour de Sinuiju, à l'embouchure du Yalou. Sa quasi-extraterritorialité impliquait l'expulsion des 200 000 Nord-Coréens habitant la région. À la tête de cette nouvelle enclave, les dirigeants de Pyongyang avaient prévu de placer un businessman sino-hollandais nommé Yang Bin. Cette idée ne vit jamais le jour : le 4 octobre 2002, pour des raisons encore incertaines (rivalité économique ? Crainte d'agitation dans la région et d'une vague d'indignation dans le monde devant les expulsions prévues ?), la Chine allait arrêter Yang Bin pour... " activités commerciales illégales " !
D'autres réformes plus techniques furent décidées, en particulier une manipulation des prix de certains biens de consommation et des salaires, ainsi qu'une réévaluation du taux de change du dollar en wons nord-coréens (+ 7 000 % !) dans le but de rapprocher les cours officiels de ceux pratiqués au marché noir. Il serait erroné d'y voir l'abandon de la fixation volontariste des prix par l'État : les biens de consommation manquent toujours et les principes de planification et de collectivisme sont toujours appliqués. Aujourd'hui, ces mesures sont oubliées, tout comme celles qui étaient censées alléger la présence des membres du Parti - commissaires politiques et surveillants - dans les usines. Seule la dépréciation du won nord-coréen s'est poursuivie sur le …