L'Indonésie ne va pas bien. Plus de cinq ans après l'éclatement, en Asie, en août 1997, d'une crise financière dont elle a été la principale victime et qui entraîna, en mai 1998, la démission du général Suharto (1), elle n'a toujours pas recouvré la stabilité qui lui permettrait de relancer son développement de manière durable. La timide reprise économique qui se dessinait depuis deux ans a malheureusement été remise en question par l'épouvantable attentat terroriste de Bali, en octobre 2002. Ce climat de violence a fragilisé la position de la présidente Megawati Sukarnoputri, accusée de ne pas être à la hauteur de l'immense tâche à laquelle elle est confrontée, et dont la popularité et la légitimité initiales continuent de s'effriter. De fait, les élections générales prévues pour le milieu de l'année 2004 se présentent bien mal pour elle et son parti, surtout depuis le déclenchement de la guerre d'agression illégale lancée par l'administration américaine contre l'Irak. L'électorat indonésien, massivement hostile à ce conflit, pourrait alors se précipiter dans les bras des partis islamiques modérés, voire de la mouvance intégriste minoritaire.
Quatrième pays le plus peuplé de la planète avec une population qui franchira en 2003 le seuil des 215 millions, l'Indonésie compte également la plus forte communauté musulmane du monde, près de 90 % de ses habitants se réclamant de l'islam. Les conséquences d'une montée de l'islamisme radical dans une nation de cette taille seraient dévastatrices. Cette perspective est d'autant plus inquiétante que, malgré la légère embellie enregistrée récemment sur certains fronts, le facteur religieux joue un rôle non négligeable dans les conflits régionaux qui ensanglantent le pays depuis la fin du régime Suharto. Camouflées et réprimées pendant plusieurs décennies de centralisme autoritaire, les tendances centrifuges, somme toute normales dans un archipel aussi vaste et d'une telle diversité culturelle, s'expriment avec vigueur, au point de mettre en péril l'unité nationale.
L'Indonésie en mauvaise posture
Sur le plan politique, la situation indonésienne reste instable et confuse (2). Depuis son accession au pouvoir au lendemain de la destitution de son prédécesseur Abdurrahman Wahid (dit Gus Dur) par le Parlement en juillet 2001, Megawati Sukarnoputri peine à s'imposer. Elle avait pourtant conduit son parti - le PDI-P - à une très nette victoire lors des élections générales de juin 1999.
À l'époque, son dépit avait été grand de ne pas pouvoir obtenir plus que la vice-présidence, mais la coalition des partis islamiques s'était rangée derrière la candidature de Gus Dur afin d'empêcher l'arrivée d'une femme à la tête de l'État. Le style imprévisible et erratique de Wahid - triste illustration du " principe de Peter " appliqué à un humaniste respectable - lui avait fait progressivement perdre la confiance d'une majorité de ses compatriotes. D'où ce vote d'empêchement à la suite duquel même les députés musulmans les plus obscurantistes avaient finalement dû accepter l'idée de voir la vice-présidente accéder au pouvoir suprême, comme l'impose la Constitution en de telles circonstances. Ironie du sort et preuve de défiance à son égard, le Parlement lui …
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