Le XXe siècle - qui a vu l'Europe subir les affres de deux guerres mondiales, de deux régimes totalitaires et d'une guerre froide - s'est terminé de façon surprenante. La guerre froide a pris fin ; la division du monde en deux camps a disparu ; l'affirmation de l'interdépendance des États a stimulé le renforcement de la coopération et de l'intégration ; les droits de l'homme sont redevenus la référence fondamentale de l'ordre planétaire. Le drame du 11 septembre 2001 a provoqué des réactions de solidarité qui semblaient prouver que l'humanité était sortie du siècle dernier consciente des défis qui s'annonçaient et capable de leur faire face. Il est malheureusement apparu, par la suite, que ce n'était là qu'une illusion. La guerre d'Irak a démontré que les relations internationales se trouvent dans une phase d'incertitude, que l'Occident est profondément divisé et que l'Europe est bien moins unie qu'on ne le pensait. Les premières années du XXIe siècle ont placé le monde sous le signe du doute.
Il ne faut pas perdre ce contexte de vue lorsque l'on étudie les divergences actuelles entre les pays membres de l'Union européenne et les pays candidats, entre l'ouest et l'est de l'Europe, ou - en simplifiant - entre la France (faiblement soutenue dans ce domaine par l'Allemagne) et les pays libérés du communisme qui s'apprêtent à entrer dans l'UE. La Pologne se trouve régulièrement au centre des polémiques : on la traite de cheval de Troie de l'Amérique ; on lui reproche de chercher la sécurité auprès des États-Unis et la prospérité auprès de l'Union européenne ; on lui conseille, finalement, de se taire (1). Les autres candidats ne sont pas épargnés, eux non plus, par ces mêmes griefs.
Il n'entre pas dans mes intentions de me livrer à une contestation détaillée de ces reproches - que je trouve, d'ailleurs, tous dénués de fondement. Je crois beaucoup plus productif, en effet, de dépasser le malaise qui s'est installé à l'intérieur de l'UE ; de chercher à retrouver la satisfaction de la réussite de l'intégration européenne ; et de goûter, de nouveau, au bonheur de voir à l'horizon l'unification de l'Europe...
Les pays qui sont sur le point de rejoindre l'Union européenne s'aperçoivent que le calendrier de cette accession ne leur est guère favorable. Sur le plan politique, la guerre d'Irak a fait apparaître des contradictions à l'intérieur de l'UE et les pays candidats se sont trouvés mêlés à ces conflits internes. Au niveau économique, l'actuel élargissement coïncide avec la stagnation - voire la récession - de l'économie européenne en général, et allemande en particulier. De ce fait, pour la première fois dans l'histoire des élargissements, les pays candidats ne jouissent d'aucune réduction de leur contribution au budget de l'UE et ne peuvent compter que sur une générosité fort limitée de la part de Bruxelles. Le débat sur le sens de cet élargissement et son importance pour l'avenir de l'UE n'a pas eu lieu et, dans le contexte actuel, ce processus semble secondaire.
Pendant le …
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