Isabelle Lasserre — Pensez-vous que Donald Trump peut réussir à imposer la paix au Proche-Orient ?
Samer Sinijlawi — Pour la première fois, la Maison-Blanche est occupée par un homme qui ne fait pas seulement promettre, mais qui a la capacité d’agir. Donald Trump se fiche des Israéliens et des Palestiniens ; ce qu’il veut, c’est simplement appliquer son plan. Je pense qu’il le fera. Et comme ce plan est le seul à exister, il faut le soutenir et y participer. Mais si la reconstruction n’est pas menée parallèlement à un processus de réconciliation entre Israéliens et Palestiniens, ça ne marchera pas. Car la destruction dans les cœurs et dans les têtes des Juifs et des musulmans est plus grave que la destruction des immeubles et des infrastructures de Gaza. Avec ou sans Donald Trump, la paix passe par un changement d’esprit des Palestiniens et des Israéliens. Aujourd’hui, les médias des deux côtés sont toujours bloqués sur le 7 Octobre. Le traumatisme est aussi vif qu’il y a deux ans. Ça ne va pas. Il faut changer de direction et penser à l’avenir. Les médias israéliens et palestiniens doivent passer à autre chose. La solution n’est pas à Washington. Elle est dans toutes les villes palestiniennes et israéliennes.
I. L. — Sinon ?
S. S. — Sinon, l’Histoire risque de se répéter. Je vois malheureusement des similitudes entre octobre 2023 et octobre 2025… Avant les massacres du 7 Octobre, toutes les données concernant les projets du Hamas étaient disponibles. Tout le monde savait qu’ils préparaient quelque chose. Ce qui a manqué, ce ne sont pas les informations mais l’imagination. Personne ne pouvait concevoir qu’ils pourraient faire ce qu’ils ont fait. Deux ans plus tard, c’est ce même manque d’imagination qui est à l’œuvre s’agissant de la recherche de la paix. Les Israéliens devraient se tourner vers les pays arabes plutôt que de discuter avec Paris ou Berlin car, sauf erreur, ils n’appartiennent pas à l’Union européenne ! Il faut convaincre les Israéliens qu’ils appartiennent au Moyen-Orient, qu’ils peuvent s’entendre avec les Arabes et que Gaza peut être autre chose qu’une jungle.
I. L. — Comment démilitariser le Hamas ?
S. S. — Le désarmement et la démilitarisation du Hamas sont considérés comme l’alpha et l’oméga de la paix, comme son principal objectif. C’est important bien sûr, mais ce n’est pas suffisant. Si Tsahal n’a pas réussi à désarmer le Hamas à Gaza en deux ans de guerre, qui pourra le faire ? Et comment éradiquer le Hamas en Cisjordanie ? Dans ce terrain en gruyère, où les deux parties sont séparées par de simples et fragiles rangées de barbelés, le Hamas pourrait répéter dix fois les massacres du 7 Octobre s’il le voulait. Il a pour l’instant décidé de ne pas le faire, mais on voit bien que le slogan du désarmement est insuffisant. Or, si un nouveau 7 Octobre avait lieu, il pourrait être commis avec des armes chimiques ! L’Histoire nous enseigne en effet que, chaque fois que le processus de paix échoue, la violence redouble …
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